Nous poursuivons, dans le cadre du programme Vieillir vivant, notre enquête sur de nouveaux métiers et services de proximité pour mieux vieillir.
A l’issue d’un premier diagnostic à Charles Hermite, l’équipe de Paris Habitat nous a exprimé son enthousiasme pour une de nos idées : la mise en place d’une activité d’épicier.er social ambulant.e en pied d’immeuble pour pallier au déficit de commerces de proximité, à la perte de mobilité et à l’isolement des personnes âgées.
Pour nous, cette nouvelle figure de quartier pourrait :
- >Faciliter, pour les anciens, l’accès à des petits commerces et services dans un quartier où les marchés et bons nombres de commerces ont disparu, et dans un contexte de perte d’autonomie.
- >Faire de la veille sociale (repérer des situations à risques, des situations d’isolement, chercher des solutions et ressources pour répondre aux besoins des personnes isolées, etc..
- >Initier de nouveaux espaces de convivialité et de sociabilité,
- >Activer les cours d’immeubles
- >Rassurer sur le projet urbain et son impact concret sur les habitants
Tester l’idée auprès des acteurs concernés
Nous avons convenu, avec le bailleur, que cette idée n’était qu’une première intuition et qu’il était important – avant de penser une phase d’éventuelle expérimentation – d’organiser un nouveau temps de terrain. En juin et juillet, nous sommes donc retournées à Charles Hermite pour enquêter.
L’objectif de cette nouvelle phase ? Tester l’idée auprès des habitants et partenaires, et préciser la définition et le montage d’une telle expérimentation : concrètement, à quoi cela ressemblerait ? Comment cela fonctionnerait ? Selon quel modèle économique ? Quelle serait l’articulation et la complémentarité avec les services déjà existants ?
Concrètement, nous avons :
- >Lancé une dynamique partenariale en:
- – Cartographiant les acteurs à impliquer dans le projet
- – Dialoguant avec le bailleur Paris Habitat sur leurs besoins et leur rôle dans une éventuelle expérimentation
- – Participant aux réunions du groupe de travail « Services de proximités » de la démarche Territoire zéro chômeur de longue durée en cours sur le quartier
- – Rencontrant les acteurs du vieillissement grâce à la Coordination sociale territoriale du 18ème arrondissement. Il s’agissait de d’affiner notre compréhension des enjeux, et de saisir en quoi cette nouvelle activité pourrait être une ressource pour les professionnels intervenant déjà sur le quartier Charles Hermite) : La MAA (Maison des aînés et des aidants), L’AMSAV (Service polyvalent d’aide et de soins à domicile), Le CASVP (Centre d’action social de la ville de Paris)
- >Mobilisé et rencontré des habitants pour faire évoluer notre projet:
- – Conçu et déposé 1300 accroches-portes – grâce à des jeunes du quartier dans le cadre d’un chantier éducatif avec le Grajar (club de prévention) – sur chacune des portes d’appartement de la cité pour informer de notre enquêt
- – Organisé 3 ateliers d’idéation en pied d’immeuble, sous la forme de goûter ou d’apéro dans les cours.
- – Rencontré des chômeurs longue durée impliqués (groupe pionnier) pour imaginer avec eux un projet connecté au territoire et à ses besoins et explorer la possibilité de mettre en place une expérimentation portée par la future entreprise à but d’emploi.
Quelques exemples d’enseignements à partager
Qu’il s’agisse des habitants, associations, professionnels ou institutionnels : tous les avis convergent. Le besoin et les potentiels sont là, mais cela demande une formation spécifique et une posture professionnelle à inventer. Veiller sur les personnes âgées c’est d’abord respecter la dignité, l’intimité. Comment prendre soin sans infantiliser ? Comment éviter de rappeler à la personne en permanence une éventuelle situation de perte d’autonomie ? Comment la positionner en ressource plutôt qu’en victime ? Quelles micro stratégies déployer pour éviter d’avoir à poser la fameuse question piège : « tout va bien, vous n’avez besoin de rien ? ».
A ce stade, nous rassemblons les bons conseils et retours d’expérience dont voici quelques exemples :
- – Trouver des prétextes pour toquer chez la personne et initier une conversation « j’ai fais trop de gâteaux, vous en prendrez bien un peu ! » )
- – Positionner la personne comme ressource : ( « je cherche quelqu’un qui pourrait me renseigner sur.. j’ai pensé que vous pourriez m’aider » )
- – Créer des situations : installation d’un espace de convivialité éphémère en pied d’immeuble (un banc, un tissu à fleurs et du café)
- – Sensibiliser les forces vives du quartier grâce à des outils ludiques que nos complices de la MAA ont développé pour que ce soit progressivement tout le quartier qui soit « en veille ».
Cet automne nous poursuivons le dialogue avec les partenaires pour imaginer un cadre d’expérimentation sur-mesure pour développer ce projet au printemps et nous avons hâte !
Mandataire : L’association Carton Plein
Résidents : Christine Milleron, Solène Champroy, Laura Pandelle et Yann Ballanger
Avec la complicité de : Paris Habitat et le programme du chantier éducatif du GRAJAR